Skip to main content

L'INCONDUITE ACADÉMIQUE EN SHS AU CANADA : UNE RÉALITÉ OCCULTÉE ?


Dans l’espace canadien des sciences humaines et sociales (SHS), la question de l’inconduite académique demeure largement sous‑documentée et, officiellement, presque inexistante. Les rapports institutionnels et les bases de données publiques révèlent très peu de cas impliquant le corps professoral. Cette rareté statistique ne signifie pas nécessairement l’absence de comportements fautifs, mais plutôt une difficulté à les reconnaître, à les signaler et à les sanctionner.  


Un premier constat est l’absence quasi totale de rétractions dans les revues savantes canadiennes en SHS. Alors que dans les sciences biomédicales ou naturelles, les rétractions sont devenues un mécanisme de correction relativement courant, les publications en SHS fautives sont rarement retirées. Cela contribue à maintenir l’illusion d’un champ exempt d’inconduite, alors même que des pratiques problématiques existent.  


Deuxième constat : les discussions sur l’intégrité académique en SHS sont souvent cadrées comme des enjeux liés au monde étudiant. Les universités mettent en avant les politiques contre le plagiat ou la tricherie aux examens, mais ces mesures ciblent principalement les étudiants. Le corps professoral, lui, reste largement absent de ces débats publics, ce qui renforce l’idée que l’inconduite est une affaire de formation et non de production savante.  


Troisième constat : il existe une véritable culture de l’omerta parmi les professeurs en SHS. Les cas d’inconduite sont rarement dénoncés, par crainte de représailles, de polarisation idéologique ou de fragilisation des réseaux de recherche. Cette culture du silence protège les individus fautifs et empêche la communauté de reconnaître collectivement les problèmes.  


Pourtant, les formes d’inconduite en publication sont connues :  

  • Plagiat : apropriation de textes ou d’idées sans attribution.
  • Auto‑plagiat : réutilisation de ses propres travaux publiés sans signalement, créant une illusion de nouveauté. 
  • Falsification des résultats : manipulation ou invention de données pour soutenir une hypothèse.  
  • Omissions délibérées : effacement de sources ou de contributions concurrentes pour renforcer une position.  


Ces pratiques, bien que rarement sanctionnées officiellement en SHS au Canada, fragilisent la crédibilité de la recherche et nourrissent une méfiance implicite. Elles montrent que l’intégrité académique ne peut être réduite à la seule surveillance des étudiants : elle doit aussi concerner les professeurs et les éditeurs, garants de la qualité du savoir.  


En définitive, l’inconduite académique en SHS au Canada est un phénomène occulté. L’absence de rétractions et la focalisation sur les étudiants masquent une réalité plus complexe, où la culture du silence empêche la reconnaissance des fautes. Rompre cette omerta est une condition essentielle pour préserver la crédibilité et la vitalité de la recherche en sciences humaines et sociales.  (M. C.).